Comment les prévisions météorologiques influencent le marché de l’énergie
Vagues de chaleur et de froid
Des conditions météorologiques particulières dans une région d’Europe peuvent avoir une incidence directe de l’autre côté du continent.
Exemple : il arrive que l’Europe occidentale soit balayée par des masses d'air froid de l'Arctique. Des températures polaires se font alors ressentir. Résultat ? La consommation de gaz et d’électricité s’envole. Il est donc primordial pour une entreprise du secteur de l’énergie de connaître la durée d’une telle vague de froid. Le phénomène peut parfois perdurer pendant plusieurs semaines, avec des conséquences non négligeables sur l’approvisionnement énergétique en Europe.La dernière vague de froid remonte à février 2012 et a duré deux semaines.
Une vague de chaleur a elle aussi déjà provoqué des coupures de courant en Europe, en raison notamment d’une utilisation accrue des systèmes de climatisation.
De telles vagues de chaleur peuvent aussi mener à des niveaux d’eau très bas dans les rivières et impacter la production d’énergie hydraulique (par exemple en France). Le faible débit de certaines rivières (et l’augmentation de la température de l'eau) peut également causer une pénurie d’eau de refroidissement et perturber temporairement la production dans certaines centrales. Il existe des lois environnementales pour éviter de trop réchauffer les rivières.
L’impact de la météo et du climat
La météo et le climat peuvent peser sur l’approvisionnement en énergie.
L’énergie éolienne, par exemple, est très sensible aux variations météorologiques et est donc très volatile. En Allemagne, en Espagne et au Danemark (des pays qui comptent de nombreux parcs éoliens), on constate des changements toutes les cinq minutes. Mais le climat a également une incidence. La force du vent dépend des saisons, des zones géographiques ou des zones de haute et de basse pression. En Scandinavie, par exemple, le pic a lieu en hiver, alors qu’il y a peu de vent en été.En Méditerranée, l’automne et le printemps sont les périodes les plus venteuses.
Comment la vitesse du vent détermine le prix
La production d’énergie éolienne dépend directement de la vitesse du vent. Cela a un effet immédiat sur l’offre et le prix de l’électricité.
Imaginons que le prix de l’énergie baisse en raison d’une production supplémentaire de 5 MW avec des éoliennes allemandes. Cela peut alors s’avérer intéressant pour la Belgique de réévaluer la production de ses centrales électriques, de donner la priorité à l’achat d’énergie et de faire un choix bien réfléchi entre les différentes unités. Autre exemple : l’énergie produite par les barrages alpins. Dès que la neige commence à fondre à partir de mars ou d’avril, la production d’électricité issue des barrages peut y augmenter de manière très significative.Résultat : l’énergie coûte moins chère au printemps. La fonte des neiges a donc également un effet sur notre production d’électricité.
Que faire si les prévisions météo sont fausses ?
Il n’est pas facile de prévoir la météo. Les analystes du marché de l’énergie se basent sur des données issues de modèles développés par des bureaux météorologiques. Ils établissent ensuite des prévisions météorologiques sur plus de 15 jours. Ces prévisions sont alors transformées en prévisions de consommation, de production éoliennes et solaires… avec plusieurs scénarios.
Pour les quatre premiers jours, ces prévisions sont généralement assez précises. À partir du cinquième jour, la situation se complique. Il arrive que les modèles se contredisent.Au cours de l’hiver 2009, par exemple, les bulletins météo annonçaient une vague de froid en Europe.
Résultat ? Le prix de l’électricité sur le marché français a augmenté de 4 euros en une journée, car les traders avaient acheté du gaz pour compenser la demande supplémentaire en électricité.
Les prévisions météorologiques ont pourtant évolué par la suite et le marché s’est retrouvé avec des volumes de gaz excessifs. Le prix du gaz a baissé de plus de 10 euros et celui de l’électricité a suivi avec une baisse de 18 euros.
Pourquoi les analystes et les traders communiquent en permanence
Les analystes qui étudient la météo font généralement partie de la cellule de trading.
Chaque matin, ils présentent les prévisions météorologiques de la semaine. Sur cette base, les traders affinent leur stratégie d’achat et de vente. Les analystes et les traders communiquent donc en permanence. La cellule de trading fait les meilleures prédictions possibles sur la météo, mais aussi sur le comportement des marchés et des prix de l’énergie. En bref, la météo joue un rôle important dans le prix de l’énergie que paie votre entreprise.Suivez donc de près les prévisions météorologiques ainsi que les autres facteurs qui déterminent le prix. Vous disposez ainsi de toutes les connaissances nécessaires pour optimiser votre prix de l’énergie.
Analyste chez ENGIE : Benjamin Totel
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