Marchés de l'énergie au premier semestre 2024 : tendances, turbulences et perspectives

La première moitié de 2024 a présenté un tableau économique mitigé pour l'Europe. L'Allemagne, souvent considérée comme le moteur économique de l'Union Européenne, fait face à d’importants défis. La production industrielle a diminué, soulevant des inquiétudes quant à la santé économique générale du vieux continent. Cependant, les derniers mois ont montré des signes de reprise, avec des améliorations dans la production industrielle allemande offrant une lueur d'espoir. La prudence reste néanmoins de mise, car la reprise économique globale est encore fragile.

De l'autre côté de l'Atlantique, les États-Unis ont également traversé une période économique tumultueuse. En février, les prévisions de croissance ont été révisées à la baisse, déclenchant des inquiétudes quant à la robustesse de la reprise économique. L'inflation persistante complique les perspectives économiques.

Début juin, la Banque Centrale Européenne (BCE) prend une mesure significative en abaissant son taux d'intérêt directeur dans la zone euro à 3,75%, marquant la première réduction depuis plusieurs années. Cette réduction de taux vise à stimuler l'activité économique et à restaurer la confiance dans les marchés européens, où l'inflation semble être sous contrôle. 

Le marché du gaz naturel a connu de fortes variations au cours du premier semestre de 2024. Au premier trimestre, les prix ont chuté de 25%, grâce à des fondamentaux confortables : un hiver clément, une  demande modérée et des niveaux de stock élevés, en combinaison avec une offre suffisante. 
 

Le deuxième trimestre a vu se profiler un scénario différent. Les prix ont fluctué au gré de perturbations de l'approvisionnement et de tensions géopolitiques au Moyen-Orient, ou encore  des attaques russes sur les infrastructures énergétiques en Ukraine. Les attaques des Houthis en mer Rouge ont également forcé les méthaniers à trouver des routes alternatives et plus longues, impactant également les prix. 
D'autres événements, comme des préoccupations concernant le possible arrêt  des livraisons restantes de gaz russe ou une forte baisse de l’approvisionnement norvégien causée par une panne dans une usine de traitement du gaz, ont également contribué à des augmentations de prix significatives. La  ‘nervosité’ reste bien présente sur le marché. 

Malgré le faible niveau actuel de la demande, une offre suffisante de GNL et des stocks élevés , le marché reste en mode d'attente.

Les prix de l'électricité en Europe ont été particulièrement volatiles tout au long du premier semestre de l'année. Ils ont suivis les fluctuations de coûts des combustibles, en particulier suite aux préoccupations concernant l'approvisionnement en gaz, et du prix des émissions de CO2.

 

La production record d'énergie renouvelable a conduit à des marchés spot volatils, avec, à de multiples reprises, des prix négatifs. 
 En mai, une tendance à la hausse des prix calendaires s’est installée (en particulier pour le CAL 25). Le marché, bien que fondamentalement sain, surveille de près tout facteur de risque menaçant l'approvisionnement qui pourrait perturber l'équilibre.

Les prix du pétrole ont également connu des fluctuations significatives au cours du premier semestre de 2024. Les tensions géopolitiques, les perspectives changeantes des prévisions d’évolution de la demande et les décisions de réduction de la production de l'OPEP+ ont joué un rôle crucial dans cette volatilité. 

 

À partir d'avril, l'apaisement des tensions au Moyen-Orient, en particulier la diminution des tensions entre Israël et l'Iran, a conduit à une diminution  de la prime de risque géopolitique et aidé à stabiliser le marché. 



 

Cette période de calme relatif a abouti à un marché pétrolier équilibré, bien que la vigilance reste de mise en raison de la possibilité de changements géopolitiques soudains. 
Le marché devrait rester relativement tendu dans les mois à venir : les réductions de production de l'OPEP+ qui voit également une forte croissance de la demande mondiale au second semestre de 2024, stimulée par l'augmentation attendue des voyages et du tourisme et d'autres facteurs.

Le marché des émissions de CO2 a connu des mouvements de prix marqués au cours du premier semestre. Les prix ont chuté à 50 €/tonne à la mi-février, en raison de la faible activité industrielle et de la consommation d'énergie. 
Cependant, à la fin mai, les prix avaient rebondi à 70 €/tonne.
 

La forte liaison entre les prix du gaz et des émissions de CO2 a contribué à la volatilité, les spéculateurs influençant également la dynamique du marché.

• Fluctuations économiques et de marché : Signes positifs de reprise en Europe, une inflation apparemment sous contrôle et une baisse des taux annoncée par la BCE, mais la prudence reste de mise.
   
• Événements géopolitiques : Les tensions géopolitiques en cours ont fortement influencé la dynamique du marché, contribuant à la volatilité.
   
• Fondamentaux du marché de l'énergie : Les fondamentaux du marché de l'énergie sont globalement sains, avec un bon équilibre entre l'offre et la demande. Mais les marchés semblent être en mode "attente" et nerveux.

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